SAENEN : Léon Degrelle (Perrin, 2025)

24,00 TVAC

Vérités et légendes du Führex

Jusqu’à sa mort, Léon Degrelle (1906-1994), chef du mouvement fascisant Rex, créateur de la légion SS Wallonie et ultime dirigeant national-socialiste européen, a représenté pour l’extrême droite l’icône auprès de laquelle il fallait se faire adouber, à l’occasion d’un « pèlerinage » en Espagne où il s’était réfugié en 1945.
Cette première biographie grand public, sans a priori et sans complaisance, brosse le portrait d’un homme aux multiples facettes, caractéristique du ‘siècle des extrêmes’ : gamin ardennais et étudiant en droit farceur ; catholique et monarchiste de conviction ; journaliste, et patron de presse novateur ; tribun, ‘collabo’ et soldat sur le front de l’Est face à l’Armée rouge ; ‘ami de Tintin’, ou plutôt d’Hergé, défenseur d’Hitler et partisan du négationniste Faurisson.
L’ouvrage s’appuie sur une incroyable masse d’écrits : les siens, pamphlets, souvenirs et innombrables interviews, sans oublier la presse de son temps, notamment celle qu’il a lancée…

Description

© Michel Houet

Frédéric Saenen est né à Liège en 1973. Il est professeur de français langue étrangère à l’Université de Liège. Fondateur avec Frédéric Dufoing de la revue belge Jibrile, dont il a animé six livraisons puis le site (revuejibrile.com), Frédéric Saenen a collaboré à la revue Cancer ! et à La Sœur de l’Ange. En 2010 il a publié aux Éditions Infolio un Dictionnaire du pamphlet en France, de la Révolution à Internet. Actuellement, il collabore activement à des revues et des sites de critique littéraire (Le Magazine des Livres, Parutions.com). Il est l’auteur de plusieurs recueils de poésies et de deux romans parus aux Éditions Weyrich, La Danse de Pluton (2011) et Stay behind (2014).


Extrait :

“L’homme se tient assis de trois quarts dans un fauteuil, les jambes croisées. Au mur, derrière lui, deux fanions blancs barrés de noueux bâtons rouges : l’emblème de la grande Bourgogne du XVe siècle. Vêtu d’un costume élégant, le septuagénaire porte beau. Les cheveux encore noir de jais peignés en arrière, les yeux sombres sous des sourcils arqués, des traits creusés qui laissent pourtant deviner un visage jadis rond, il crève l’écran. Impavide, il écoute un invisible interlocuteur qui l’interroge sur un ton déférent, à propos de son passé politique ou militaire. À peine la question achevée, sa voix rocailleuse fuse, légèrement voilée dans les aigus, tonnante dans les graves. Sa riposte est un feu roulant de dénégations et d’anecdotes qui le font pouffer. Tout le registre de l’indignation y passe. Le visage s’anime, les joues boursouflées, les paupières plissées. Puis les bras se projettent en avant ou sont brusquement ramenés vers la poitrine. Après l’éruption, il revient au silence, le regard fixe, les lèvres pincées, déjà prêt à repartir à l’assaut.Face à l’œil unique d’une caméra, Léon Degrelle, le fondateur du mouvement Rex, le « Chef » de la légion Wallonie, a parlé. Avec autant de conviction que jadis il s’exprimait devant cinq, dix, vingt mille personnes massées dans une salle de spectacle pour l’écouter. Malgré l’âge, il pourrait tenir des heures ainsi. C’est d’ailleurs ce qu’il compte faire, ce jour-là où il sait que, filmé, il s’adresse à la postérité.
Parce que dans l’entre-deux-guerres il a dirigé le seul mouvement fascisant d’ampleur en Belgique francophone, parce que pour combattre le bolchevisme il s’est fait soldat nazi, parce qu’il est parvenu à vivre cinquante ans en exil sans jamais être rattrapé par la justice de son pays qui l’avait condamné à mort par contumace, parce que jusqu’à son dernier souffle il exaltera la figure d’Adolf Hitler, Léon Degrelle demeure l’une des figures historiques les plus controversées du XXe siècle. Multiple, il fut, tour à tour ou parfois en même temps, gamin ardennais, étudiant en droit, poète, pamphlétaire, journaliste, grand reporter, homme de presse, éditeur, agitateur, tribun, leader d’opinion, prisonnier politique, volontaire pour le front de l’Est, gradé de la Waffen-SS, fugitif, mémorialiste, entrepreneur immobilier, trafiquant d’art, négationniste…
Avec cela, père de cinq enfants et donc patriarche d’une lignée qui se ramifie aujourd’hui entre la Belgique et l’Espagne. Dans les années 1930, on l’affuble de maints sobriquets, du « Beau Léon » à « Fourex » en passant par le « Paon Léon ». Dans le Donetsk, ses légionnaires, railleurs, le surnomment Modeste Ier, roi de Bourgogne. Usant de divers pseudonymes, il signe Noël d’Auclin ses textes de jeunesse pour la presse belge, Jean Doutreligne un roman d’anticipation dans les années 1950 ou Luis de Velasco ses chroniques dans des magazines français de « droite décomplexée ». Et dans l’Espagne franquiste où il a trouvé asile,personne ne le connaît autrement que comme León José de Ramírez Reina, ou plus familièrement Don Juan. En Belgique, il passe son enfance au fin fond de la Wallonie et ses années universitaires dans la ville flamande de Louvain, puis il monte à la capitale pour percer dans le journalisme, l’édition et la politique.
Quand en mai 1940 survient la guerre, il connaît dix-sept prisons en deux mois. Un an plus tard, une fois fondée la légion Wallonie, il quitte le cadre doré de sa villa uccloise pour faire, pendant trois ans, des allers-retours entre Bruxelles, Paris, Berlin, la Pologne et le front de l’Est, entre l’Ukraine et la Russie. Il livre ses derniers combats en Estonie, tente de rentrer au pays pendant l’offensive des Ardennes de l’hiver 1944, assiste en Poméranie à l’écroulement du IIIe Reich, gagne enfin la Norvège. De là, il s’envole pour l’Espagne de Franco, où son avion amerrit en catastrophe dans la baie de San Sebastián le 8 mai 1945. Il n’a vraisemblablement plus jamais quitté ce pays d’accueil, mais l’a sillonné de part en part, habitant dans des refuges discrets, des cellules monacales, des villas somptueuses ou des appartements standardisés, au Pays basque, à Madrid, en Estrémadure, enfin à Málaga, où il est mort le 30 mars 1994.
Profondément attaché à la culture de sa Wallonie natale, il se revendique belge à travers la défense de la Couronne et de l’Église ; mais, se sentant à l’étroit dans ce petit pays, il adopte un modèle historique idéal qui remonte à l’époque où les territoires « belgiques » faisaient encore partie, entre le XIVe et le XVI e siècle, d’un ensemble plus vaste, les florissants Pays-Bas bourguignons, qu’il croira pouvoir ressusciter à la faveur de sa collaboration avec le Reich hitlérien. Ce fantasme, articulé autour d’une ambition dévorante et doublé de l’ivresse du pouvoir, l’amène en 1943 à s’affirmer « germain » pour intégrer les rangs de la Waffen-SS et y combattre pour une Europe racialement forte et un Occident débarrassé de son plus grand ennemi, le communisme. Finalement, l’incivique apatride choisit après-guerre de se faire naturaliser espagnol, ce qui lui permetd’échapper habilement à la justice de son pays en s’en rendant définitivement étranger…”

Additional information

Editeur

Perrin

Collection

Biographie

EAN

9782262094669

Pages

368

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