ESSAKER T., Les cheminants (2023)

Aghar, selon une graphie inspirée de l’arabe, c’est aussi Hagar ou encore Agar dans le Nouveau Testament, servante égyptienne de Sara (ou Sarah). Trop âgée pour enfanter, celle-ci la donna à Abraham dont elle devint enceinte. Pour échapper à la dureté de Sara, elle s’enfuit dans le désert où l’Ange du Seigneur, selon la tradition biblique, lui annonce qu’elle donnera naissance à un fils nommé Ismaël, c’est-à-dire Dieu entend (Dieu a entendu ta détresse, Genèse XVI, 11). Aghar est donc l’ancêtre des Ismaélites arabes, les Fils du vent, les Bédouins du désert, nomades et libres, dont ils se déclarent les seuls descendants. Ismaël vécut 137 ans, selon la tradition, et laissa douze fils, les chefs des douze tribus (Genèse, XXV, 16). Aghar devint ainsi au regard de la tradition (et de l’histoire qui s’en suivra) la Femme, figure de la rupture, de la divergence, de l’irréconciliable, de l’errance… Ici s’ancre le récit des Cheminants. Face à un monothéisme incarné dans la figure du patriarche, vérité et pouvoir absolus, sanctifiés, soumis à l’approbation de Dieu et du système patriarcal, qui ordonne le légitime et l’illégitime, le bien et le mal, Aghar, femme répudiée, rejetée, femme de la chair, considérée comme folle par la communauté dans sa remise en question de la vérité et de l’ordre, et dans le cheminement de son questionnement, subit une injustice et l’installe dans la permanence du temps jusqu’à nos jours. Le fils illégitime devient le dépositaire des douze tribus d’Israël, tandis que le fils légitime part en errance, comme par une sorte d’inversion historique, pour arriver au constat actuel d’un peuple face à l’autre peuple, comme face à lui-même.

N.B. L’ouvrage est bilingue français-arabe.

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Description

Face à l’omnipotence du dit Dieu des hommes, face au diktat du patriarche et du monothéisme, Aghar, Agar ou Hajer – selon les diverses graphies -, femme libre rendue esclave pour assurer la descendance du patriarche, fût ensuite rejetée, répudiée et renvoyée dans le désert. Dans son errance, lors de ses cheminements, Aghar, qualifiée de folle, devint ainsi au regard des communautés des hommes, la femme figure de la rupture, de la remise en question de la vérité et de l’ordre établi, comme le signe d’une parole autre et d’un chant énigme. Ici s’ancre le récit d’Aghar et des Cheminants.

Trois jours pour quitter la demeure des hommes,
trois jours au cours desquels Hajer-Aghar
doit se faire une raison, dénouer ses sagesses,
et surtout remettre en mains sûres ses errances
avant de disparaître.

Tarek Essaker est né en 1958 à Gafsa, au seuil du désert tunisien. Du cinéma amateur militant au théâtre et à la poésie, il choisit d’écouter les voix ataviques et solitaires qui l’habitent. Il a écrit et/ou mis en scène plusieurs pièces de théâtre et a publié de nombreux livres de poésie, le dernier La fille de la rivière est paru aux éditions maelstrÖm reEvolution.

Maison de la poésie d’Amay

 

Informations complémentaires

Éditeur

L'arbre A Paroles

Parution

09/03/2023

EAN

EAN9782874067327

Langues

français-arabe

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